Les Restos de Cœur permettent aux femmes bénéficiaires d’aides de l’association de se faire maquiller gratuitement
Le Parisien / Juliette Duclos / 29 mai 2018
Ce mardi, rue de Gergovie (XIVe). Johanna, 62 ans, se fait maquiller par Victoire, 29 ans, salariée chez Guerlain.
Depuis ce mardi, les Restos de Cœur de Paris permettent aux femmes bénéficiaires d’aides de l’association de se faire maquiller gratuitement, dans le XIVème et le Xème arrondissement.
Un zeste de parfum, une touche de rouge à lèvres, un peu de poudre à paupière, Kadet, 47 ans, se sent « belle », en regardant son reflet dans la glace. Pour l’occasion, elle a même revêtu sa robe blanche.
« Ça me fait vraiment plaisir d’être pouponnée par des pros comme ça, souffle-t-elle. Je suis contente, d’autant plus qu’on n’a pas souvent accès à ça. »
Cette mère de famille de trois enfants vient deux fois par semaine, chercher son panier-repas aux Restos du Cœur. Mais aujourd’hui, une fois les produits alimentaires récupérés, elle a pu se faire maquiller dans le salon de beauté improvisé au local de l’association, situé au 30, rue de Gergovie (XIVe).
Rose clair ou rouge foncé
En partenariat avec la marque de cosmétique Guerlain, les Restos de Cœur de Paris invitent ainsi les femmes bénéficiaires à des séances de maquillage, pendant 10 jours.
« Ça peut paraître superficiel au premier abord, mais cela ne l’est pas du tout, assure Antoine Bour, président de l’antenne parisienne de l’association. Pour s’en sortir, il faut avoir confiance en soi et dans une société où l’on valorise l’aspect extérieur, le maquillage aide les femmes à se sentir bien. »
De son côté, Johanna, 62 ans, hésite entre deux rouges à lèvres, bien enfoncée sur sa chaise. « On m’a toujours dit que le rose clair c’était ce qu’il y avait de mieux avec mon teint. » Victoire, salariée chez Gerlain, obtempère et à l’aide d’un pinceau, lui colore délicatement les lèvres. « Quand on est une maman avec une petite retraite, ça coûte trop cher de faire ça », regrette-t-elle.
« On se décourage »
« Les femmes qui viennent ici n’ont pas les moyens de s’acheter des produits ou de se faire maquiller, confirme Astride Tulipe, responsable du Ve, XIIIe et XIVe arrondissements pour l’association. Cela leur permet de prendre un moment pour elles, je peux vous dire qu’elles sont ravies quand elles sortent ! » Et ce n’est pas Paulette, 50 ans, qui dira le contraire : « Normalement, je ne me maquille que pour les mariages, mais là, faut en profiter ! »
Paulette, 50 ans, se maquille très rarement./ LP/J.D.
Si dans certaines boutiques, des maquilleuses peuvent fournir gratuitement leurs services, beaucoup n’osent pas franchir les portes. « Tu tournes toute seule, on ne te dit pas bonjour à cause de ton apparence, cela refroidit vite et on se décourage, raconte Kadet. Ici on se sent bien, on est écouté. » En tout, dans le XIVe près d’une quarantaine de femmes vont pouvoir bénéficier d’une mise en beauté, prodiguée par des salariés de l’entreprise Guerlain.